Quand j'étais petite, j'avais un grand désir d'aller à l'école. J'enviais mes soeurs quand je les voyais partir, formant un groupe joyeux et bruyant avec toutes les voisines scolarisées, rutilantes dans leurs uniformes. Ah! oui, à l'époque, tous les élèves étaient en uniforme. Je rêvais du jour où moi aussi je pourrais revêtir la jolie robe bleue et faire partie de cette joyeuse compagnie. Certains jours, mon envie était si forte que j'éclatais en sanglots et que ma mère m'autorisait à accompagner mes soeurs. Il faut dire que les "maîtresses" comme on les appelait alors, étaient tellement passionées de leur métier qu'elles toléraient les plus jeunes, venues "s'entraîner" avant d'intégrer l'école pour de bon. J'avais droit à une ardoise et à une touche, je pouvais compter sur le boulier ou encore écrire sur une feuille d'un petit cahier qui n'était plus qu'une grosse tache bleu à la fin de la séance car je n'avais pas encore appris à maîtriser l'usage de la plume, de l'encrier et du buvard.
Mon ardeur pour l'école est allée grandissant, si bien que j'étais toujours première de classe durant toutes mes primaires et bien au-delà. Il faut quand même que je vous dise que la proclamation des résultats, dans la grande cour de récréation où toutes les classes étaient réunies pouvait être un vrai cauchemar pour les élèves les moins brillants.
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